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William BECHTEL

 

Chef de bataillon

 

 

William BECHTEL

Né à Épinal (Vosges) le 1er octobre 1894. Fait ses études de chimie au Technikum de Winterthur (Zurich) et à l'université de Genève. Appelé au 170e régiment d'infanterie le 30 août 1914, est soldat de deuxième classe ledit jour.

 

Blessé par un éclat d'obus aux poumons le 13 mars 1915, au cours d'une attaque à Mesnil-Les- Hurlus (Champagne)

 

Cité à l'ordre du régiment sous le numéro 23 528 D.

 

Affecté au 141è régiment d'infanterie après sa sortie d'hôpital, puis au service automobile du 15ème  escadron du Train des états-majors. Nommé successivement brigadier, maréchal des logis, puis adjudant.

 

A la signature de l'armistice Bechtel et affecté comme interprète stagiaire à l'état-major de la 10ème  armée (Général Mangin). Adjoint du commandant Bastiani qui est alors administrateur de la province de Birkenfeld, Bechtel prend une part active aux négociations qui aboutissent à la déclaration d'indépendance de cette province et déclenchent plus tard le mouvement séparatiste rhénan.

 

Démobilisé le 13 septembre 1919, Bechtel rentre dans l'industrie, il est successivement chimiste chez Durand - Huguenin à Bâle, au laboratoire officiel à Tunis et à la Société Alsacienne de Produits Chimiques à Mulhouse.

 

Nommé sous-lieutenant à titre définitif, effectue en 1936 - 1937 - 1938, des stages d’interprète à l'école militaire de Paris.

 

S'étant établi à son propre compte en 1928, est appelé à faire par son commerce de nombreux voyages en Allemagne et, conformément aux directives reçues, il remet au 2ème Bureau des rapports concernant les travaux d'ordre militaire : Emplacement de troupes etc.…, ceci particulièrement à partir de 1936.

 

Son dernier voyage « d’étude » est effectué le 18 mars 1939, donc quelques mois avant la guerre.

 

Dès le 19 mars, il est inquiété par la police, est arrêté près de Trêve dans la zone fortifiée interdite à la circulation. Ramené dans son automobile par des gendarmes, il réussit à s'en débarrasser à un carrefour et à passer la frontière à Germanshof dans la nuit du 19 au 20 mars, malgré la fermeture de ce poste-frontière.

 

À la déclaration de guerre (en septembre 1939), Bechtel est maintenu à la direction de son usine en tant qu'affecté spécial pour la fabrication de la diphénylamine (stabilisateur de la poudre). Sur sa demande il est rayé de cette affectation spéciale le 10 juin 1940.

 

Mis à la disposition de l'état-major de la 1ère armée, mais devant l'avance foudroyante des Allemands, il décide le 13 juin 1940 de détruire les installations de son usine qui se trouvait à Igny (Seine-et-Oise), et qui auraient pu servir à l'ennemi.

 

Dans la nuit du 13 au 14 juin, au moment où les Allemands entraient à Paris, il rejoint en auto Laval, après avoir reçu du capitaine Zundel du 2ème Bureau, des instructions et le matériel nécessaire pour organiser à l'arrière des lignes allemandes, un réseau de sabotage.

 

Empêchés dans cette tâche par l'avance rapide des forces ennemies et par la disparition des officiers qui devaient l’aider dans sa tâche, Bechtel, qui a entendu à la radio l'appel du général De Gaulle, décide de gagner l'Angleterre et, après avoir faussé compagnie à deux reprises aux Allemands (la première fois à Morlaix et la seconde fois à Saint-Brieuc), il réussit à s'embarquer le 26 juin sur un bateau de pêche à Longuivy près de Paimpol et à atteindre l'Angleterre.

 

Le 1er juillet 1940, il signe à Londres son engagement aux Forces Françaises libres (engagement numéro 361 A).

 

Nommé lieutenant à titre définitif le 25 septembre 1940, Bechtel rejoint Bangui (AEF) où il est affecté au 2ème Bataillon de Marches de l'Oubangui Chari.

 

Avec cette unité il prend part à la campagne de Syrie, aux opérations de police sur l'Euphrate et à la campagne de Libye (notamment à Bir-Hacheim où il fait l'objet de la citation suivante : « Officier de réserve, plein de cœur et de dévouement, vétéran de la guerre 14-18 commandant de l’échelon « B » du BM 2  pendant les opérations de Bir Hakeim. Grâce à son activité, à son coup d'œil, a réussi à ramener le convoi de camions qui était sur le point d'être pris par les blindés allemands le 27 mai 1942 ». (Ordre général numéro 23 du 26 février 1943)

 

Le bataillon très éprouvé devant rejoindre l’AEF, Bechtel qui est nommé capitaine le 25 mars 1943 demande à être affecté au BCRA de Londres, qu'il rejoint en septembre 1943.

 

Le 1er octobre, il est affecté au plan Sussex et envoyé à l'école anglaise de Saint-Albans.

 

Au début décembre, il suit des cours de parachutage à l'école de Ringway près de Manchester et, dans la nuit du 9 au 10 avril 1944, il est parachuté en France occupée près de Châteauroux avec son radio, chargé de la mission de signaler à l'état-major allié le mouvement des troupes ennemies, les installations militaires allemandes etc... dans le secteur de Rouen.

 

Malgré de très grandes difficultés, il parvient à ramener en bicyclette son matériel et ses armes de Chartres (où il avait été parachuté par erreur) à Rouen où il établit son centre de renseignements. Ils réussirent à passer 52 messages aux alliés, et la mission est qualifiée par son chef le colonel Henderson de « first class ».

 

Les renseignements contenus dans ses messages N°3 et N°8 permirent respectivement la destruction par la RAF d'un dépôt d'essence très important à Rouen ( dépôt Desmarais), et d’un train complet de V1 en gare de Formerie.

 

Ces messages N° 33 et 41 des 25 et 26 août permirent d'autre part à la RAF l'anéantissement de milliers d'hommes et de véhicules de l'armée Von Kluge, qui battait en retraite et essayer de passer la Seine.

 

Le 5 août 1944, Bechtel suivait en bicyclette un convoi allemand dont il cherchait à connaître la destination, sur la route de Rouen à Malaunay, et il s'était accroché à cet effet à l'un des véhicules, quand il fut projeté dans un trou d'obus provenant du bombardement de la colonne.

 

Malgré une fracture du col du fémur, il réussit à se relever et à sauver son poste émetteur (qui était sur le porte-bagages de la bicyclette). Caché jusqu'au soir par des partisans, il fut opéré le lendemain dans la clinique du docteur Dessaint à Rouen, ce qui ne l'empêcha pas de reprendre dès la nuit suivante, le contact régulier par radiophonie avec l'avion de reconnaissance des alliés.

 

Le 19 août, Bechtel reçoit de son chef le message suivant :

« Avons très grand plaisir de vous signaler que Haut commandement considère vos messages très exacts, intéressants et vous en félicite».

 

Le 30 août, Bechtel est libéré par une unité canadienne et transporté au Val-de-Grâce à Paris, où son état jugé grave nécessite une nouvelle intervention chirurgicale. Il est décoré de la Légion d'honneur avec la citation suivante :

 " Officier d'un courage remarquable doué du plus bel esprit de sacrifice. Vétéran de 14-18 et malgré ses blessures s'est offert spontanément pour une mission parachutée derrière les lignes ennemies : S'est acquitté de sa mission de la façon la plus "brillante" malgré de très grandes difficultés. Signé De Gaulle "

 

Opéré et soigné au Val-de-Grâce, William Bechtel partira en Indochine en tant que chef de bataillon du Commando Conus du 20 juillet 1945 au 28 mai 1946.

 

William Bechtel est décédé à l'été 1988.

 

 

 

Décorations principales :

  • Officier de la Légion d'Honneur

  • Officier de la Résistance

  • Médaille Militaire guerre 14/18

  • Croix de Guerre 14/18 et 39/45 avec plusieurs citations

  • Médaille Coloniale avec agrafe Bir Hacheim

  • Military Cross.

Barrette des décorations de William Bechtel :

Barrette des décorations de William Bechtel

Sources :
« Souvenirs de Ch. Pérez et de L. Guyomard », Revue de la France Libre, n° 265. © A.CASALIS

 

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