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Capitaine Pierre Jean FAUROUX

(SUSSEX équipe JUSTICE)
18 mars 1921 – 5 octobre 2010

 

Pierre Jean FAUROUX Fils aîné de Paul FAUROUX, fonctionnaire des Postes et d’Henriette BOUYSSIÈRES, Pierre FAUROUX naît le 18 mars 1921 à ST GIRONS (09).

Après des études secondaires au lycée de FOIX, c’est à TOULOUSE qu’il prépare le concours de St-Cyr. Il y rentre en 1941 au sein de la promotion Charles de Foucauld (1941-1942) formée à l’École Spéciale Militaire repliée à AIX-en-PROVENCE. Celle-ci est dissoute à l’automne 1942 après l’invasion de la zone libre par les allemands. Nommé sous-lieutenant le 25 novembre 1942, Pierre FAUROUX est mis en congé d’armistice le 2 décembre 1942 et rejoint le chantier de jeunesse n° 23 à ST PONS (34), puis à SYLVANÈS par FAYET (12).

Le 30 juin 1943 il s’évade de France vers l’Espagne, où il arrive le 6 juillet. Il va y passer trois mois, écopant de vingt-cinq jours de prison à LERIDA et séjournant ensuite deux mois et demi à BARCELONE avant de pouvoir passer à CASABLANCA qu’il atteint le 23 octobre.

Il rejoint le 4ème RTM à TAZA au Maroc avant un transfert sur ALGER pour souscrire un engagement au BCRA le 2 décembre en vue de remplir des missions spéciales. Embarqué le 26 pour l’Angleterre il arrivera à LIVERPOOL le 4 janvier et à LONDRES le 5. De là jusqu’au 10 mai 1944 il recevra la formation de chef d’équipe de renseignement SUSSEX à St ALBANS, formation assurée par l’OSS et le SIS complétée par le stage de parachutiste à RINGWAY (brevet para n° 4680). Sa mission opérationnelle devait débuter le 11 mai 1944.

Mission SUSSEX OSSEX JUSTICE dans le secteur de SAUMUR

TEMPSFORD, base RAF des missions spéciales, le 11 mai 1944 au soir, le lieutenant Pierre FAUROUX et son radio s’embarquent pour une mission en France occupée. L’absence de balisage au sol fera annuler en vol le parachutage et cette première mission.

Redécollage prévu à la lune suivante, le 6 juin (D-DAY), pour un largage de nuit sur la DZ « Charité » de PREUILLY /CLAISE, 25km à l’est de CHATELLERAULT. Pierre FAUROUX alias Jean-Louis CORBIN (badge n° 37) et Louis BLANDIN alias Jean CRÉMIEUX (badge n°38), son radio, s’embarquent pour la mission OSSEX JUSTICE. C’est le Flight Lieutenant CALDWELL, commandant de bord d’un Halifax du Squadron 161 des Special Duties, qui effectue le parachutage (mission CHARLIE STATIONER 119). La réception est effectuée par « Ernest » du réseau ÉCARLATE et Jeannette GUYOT de la mission PATHFINDER. La mission de renseignement, initialement prévue dans la région de RENNES, va s’avérer impossible à effectuer en raison de la distance excessive à parcourir en zone d’insécurité par les agents chargés de leur matériel. La centrale de LONDRES alertée par Jeannette GUYOT qu’ils sont allés contacter en vélo à CHATEAUROUX leur donne une nouvelle mission dans le secteur de SAUMUR.

Le 6 juillet l’équipe rejoint MONTSOREAU (10 km SE de SAUMUR) et se met au travail pour créer son propre réseau de renseignement, pour beaucoup appuyé sur des informateurs recrutés dans les gares proches de la Loire (SAUMUR, DOUÉ-la-FONTAINE, LOUDUN, CHINON et VARENNES/LOIRE). Début effectif de la mission le 7 juillet avec le premier message adressé à LONDRES. Durant deux mois, l’équipe renseigne sur les déplacements des unités allemandes, la localisation des dépôts, l’état des ponts et voies de communication, et sur les résultats des bombardements dans sa zone d’action. Son travail a permis d’identifier des éléments de la 17ème SS PzD (GOETZ von BERLICHINGEN), et de deux autres divisions.

L’appréciation portée par l’OSS est remarquable : « Une de nos équipes les plus performantes qui en un temps record après son changement de mission a fourni des renseignements de la plus haute importance. » Les États-Unis décerneront la Silver Star à Pierre FAUROUX (troisième plus haute distinction des États-Unis pour actes de bravoure). Une croix de guerre avec citation à l’ordre du CA lui sera aussi attribuée. Le 3 septembre, en fin de mission, l’équipe rejointe par des éléments de la 83ème division américaine sera acheminée sur le PC de la 9ème armée US à RENNES pour être intégrée au détachement de l’OSS. Du 7 septembre au 6 octobre 1944 Pierre FAUROUX et son radio vont œuvrer comme officiers de renseignement de la 9ème armée de la Bretagne à la Loire d’ORLÉANS, en liaison avec les FFI, pour obtenir les renseignements militaires sur les zones libérées.

Mission DGER en Indochine 1945-1946

Pierre FAUROUX va effectuer une seconde mission clandestine au Laos occupé par les japonais. Il rejoint la DGER et le Service Action Secrète à CALCUTTA le 3 mars 1945 pour agir au sein de la Force 136 armée par le SOE britannique. Après une affectation initiale à la Mission Militaire Française de KUNMING au Yunnan, il rentre à CALCUTTA le 25 avril pour une affectation le lendemain au SRMS (acronyme sans doute britannique d’un service probablement lié au SOE). À partir du 29 mai sa mission va consister à organiser la section d’évasion des prisonniers alliés détenus en Indochine. Le 14 juin il est en mission chez les britanniques à DARJEELING, Inde. Ceux-ci, ayant déjà localisé les camps de prisonniers, pour la plupart en Thaïlande au bord du MÉKONG ou de la rivière KWAÏ en Birmanie, avaient créé une section « E » Évasion et parachutent une vingtaine d’équipes pour reconnaître des itinéraires d’évasion à emprunter après des actions de commandos libérateurs qui seraient parachutés.

Le 12 juillet Pierre FAUROUX est parachuté en jungle au Nord Laos, au nord de XIENG KHOUANG (village détruit en 1970 par les bombardements et situé au centre de la Plaine des Jarres) par le Flight Sergeant MC CULLOCH commandant de bord du Liberator B 24 « W » du Squadron RAF 358 des Special Duties de JESSORE (100 km est de CALCUTTA) [mission « GLAZIER/REINETTE 3 »]. Il est accompagné de son radio, Georges PEUTAT, précédemment radio SUSSEX de Jean-Pierre BISSEY. Ils sont réceptionnés avec leur matériel par le groupe de guerrilla du lieutenant DEUVE.

Avec son radio et ses porteurs, dans une jungle de parcours épuisant, surtout en période de mousson, en butte aux recherches des japonais, Pierre FAUROUX chemine durant près de deux mois. Il va déterminer un itinéraire d’évasion pour permettre aux prisonniers de rejoindre le MÉKONG et de passer au Siam. Une fois connue la capitulation japonaise du 2 septembre, il travaillera en liaison avec les groupes de guerrilla franco-lao du lieutenant DEUVE et du capitaine FABRE déjà implantés au Laos depuis janvier 1945 pour y préparer la restauration de l’autorité française. Le 5 septembre il pénètrera dans VIENTIANE avec le groupe du capitaine FABRE. Il demandera et obtiendra un parachutage de vivres et médicaments de secours pour les français assiégés dans VIENTIANE et organisera leur évacuation par voie fluviale et ferrée à travers le SIAM vers BANGKOK.

De retour à CALCUTTA le 10 octobre, mission terminée, il sera affecté le 20 novembre 1945 à SAÏGON au service de Documentation de la Section de Liaison Française en Extrême-Orient (SLFEO) de la DGER et n’en repartira pour la France que le 6 février 1946.

Le 14 décembre 1945 une citation à l’ordre de la Division lui sera attribuée par l’amiral d’ARGENLIEU, HCF pour l’Indochine et Commandant en chef. En voici les termes volontairement imprécis sur les modalités de la mission. « Parachuté en Indochine le 12 juillet 1945. Chef d’une mission clandestine d’évasion de prisonniers alliés. A passé des renseignements précieux malgré des difficultés énormes de travail en brousse en saison des pluies et malgré les recherches de l’ennemi. Pendant toute sa mission a fait preuve d’un grand courage et n’a ménagé aucun effort. » Il rentrera en France le 28 février 1946 et quittera l’activité en utilisant la loi de dégagement des cadres de 1946. D’abord mis en congé pour deux ans, il sera rayé des cadres une première fois en décembre 1946.

1947-1952 Période de retour à la vie civile

Durant son congé Pierre FAUROUX se marie et commence des études de pharmacie à PARIS.

1952-1954 Séjour opérationnel en Indochine

Pierre FAUROUX est rappelé au service comme capitaine en janvier 1952. En mai il rejoint le 10ème bataillon de parachutistes coloniaux (10ème BPC) qui se crée à QUIMPER aux ordres du chef de bataillon BRÉCHIGNAC. Bataillon qui sera renommé le 1er janvier 1953 en 2ème bataillon du 1er RCP. Embarqué sur le Pasteur en novembre 1952, celui-ci part en Indochine et y sera engagé principalement au Tonkin jusqu’à la chute de DIEN BIEN PHU. Pierre FAUROUX commande d’abord la compagnie de commandement du bataillon disposant des armes d’appui du bataillon, avant de devenir l’adjoint du commandant de bataillon.

D’abord en mission à NA SAN et en pays TAI, de Noël 1952 à Pâques 1953 (5 avril), le II/1er RCP opèrera dans le delta du fleuve Rouge et d’autres secteurs du Tonkin. En juillet 1953 il effectuera un saut opérationnel en Annam dans le cadre de l’opération CAMARGUE pour « nettoyer » « la rue sans joie ». Pierre FAUROUX sera cité à l’ordre de la Division pour son action audacieuse avec ses mitrailleuses le 31 octobre 1953 au combat de THON AO.

Rappelé d’opération entre HANOÏ et HAIPHONG, le bataillon va sauter une première fois sur DIEN BIEN PHU le 20 novembre 1953 dans le cadre de l’opération CASTOR pour établir les bases du camp retranché ; le capitaine FAUROUX assure alors le soutien du bataillon depuis HANOÏ. Le bataillon est retiré de DIEN BIEN PHU le 10 décembre 1953. Durant l’hiver 1954 il est envoyé au sud Laos dans la région de SAVANNAKHET. Il est alors rappelé à HANOÏ pour sauter une seconde fois sur DIEN BIEN PHU dans la nuit du 1er au 2 avril 1954. Ce seront alors pour le II/1er RCP trente-cinq jours d’âpres combat sur le point d’appui ÉLIANE jusqu’au cessez-le-feu du 7 mai qui permet au Vietminh d’investir le camp retranché.

Tombé aux mains du Vietminh le 7 mai sur le point d’appui ÉLIANE, Pierre FAUROUX subira la captivité et sera libéré le 2 septembre 1954. Il aura été cité à l’ordre de l’Armée et fait chevalier de la Légion d’honneur le 5 mai 1954.

1955-1961 Dernier parcours militaire en France et en Algérie

En 1955 et 1956 il servira à la 14ème Demi-Brigade à TOULOUSE, puis au 18ème RIPC en Algérie. Il commandera ensuite durant une année la 4ème compagnie du bataillon de Joinville en France et en Algérie. Enfin, après plusieurs brèves affectations, le 15 octobre 1959 il achèvera sa période d’activité à l’ÉM du Secteur Opérationnel de COLOMB-BÉCHAR. Après un congé de deux ans, il va quitter définitivement le service le 1er décembre 1961, et changer de voie.

1961-2010 Pharmacien, puis retraité

Mars 1963 verra Pierre FAUROUX achever des études de pharmacie et obtenir son diplôme. À la faveur d’un remplacement en Afrique l’été suivant, il va acheter l’officine où il travaille et s’installer à AGNIBILEKROU, village de l’est de la Côte d’Ivoire. Il y exercera son art plusieurs années avant de venir s’implanter à ST AYGULF (83). Retiré d’abord quelques années dans le comté de CORK en Irlande, il reviendra s’installer dans les Alpilles à AUREILLE (13).

Il décédera à MAUSSANE-les-ALPILLES (13) le 6 octobre 2010.

Famille

Pierre FAUROUX s’est marié en premières noces à PARIS 18ème le 25 septembre 1946 avec Suzanne LIONNET, pharmacienne, qui lui donnera une fille en 1948. Celle-ci, mariée à un officier américain est la mère de deux enfants, et vit aux États-Unis.

Suzanne LIONNET décèdera le 16 mars 1984 et Pierre se remariera le 10 janvier 1986 à PARIS 7ème avec Marguerite CAUQUIL, pharmacienne elle aussi, qui lui survivra jusqu’au 3 septembre 2016.

Décorations

Commandeur de la Légion d’honneur,

titulaire d’une croix de guerre 1939-45 avec deux citations

d’une croix de guerre TOE avec deux citations,

de la médaille des évadés

et de la Silver Star américaine.

Celle-ci ne lui avait pas été remise aussitôt après la guerre. Fin 1952 un consul américain est venu de CHERBOURG la lui remettre à QUIMPER peu avant son départ pour l’Indochine.

Références

Éléments d’archives de Pierre FAUROUX fournis par sa fille Mme Anne-Marie SMITH

notamment : état des services daté du 1er mars 1969 (copie) et textes des citations,

texte de conférence prononcée en 2004 par Pierre FAUROUX sur ses services en Indochine

Éléments fournis par Pierre TILLET (SUSSEX) pour la mission JUSTICE et autres éléments du dossier SUSSEX

Relevé de mission aérienne du Squadron 358 (parachutage au Laos le 12 juillet 1945)

Livre « La guerrilla au Laos » de Jean DEUVE et le « Journal de guerre (au Laos) » de Roger DANEL sur site internet de Philippe MILLOUR

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